Haiti 1915-Haiti 2015
Anthony Phelps, Paul Laraque, Suze Baron, Christian Werleigh, Michèle Voltaire Marcelin
(Anthony Phelps)
Et encore et toujours le bruit des bottes...
"Étranger qui marches dans ma ville, souviens-toi que la terre que tu foules est terre du Poète et la plus noble et la plus belle, puisqu'avant tout c'est ma terre natale..."
For a hundred years
We have paid dearly
For loving our freedom
As much as we loved our gods
Haiti 1915-Haiti 2015
One hundred years and as many seasons of sadness
O my country, O my land
So sad is the season that now has come the time for us to speak only through signs
" Ô mon Pays si triste est la saison
qu'il est venu le temps de se parler par signes
Je continue ma lente marche de poète , un bruit de chaîne dans l'oreille
et sur les lèvres un goût de sel et de soleil
Je continue ma lente marche dans les ténèbres car c'est le règne des vaisseaux de mort
Et je remonte lentement le lit de ton Histoire
À quoi bon ce passé de douleurs et de gloire
et à quoi bon dix huit cent quatre
À quoi bon Pierre Sully Fort Capois Marchaterre
En vain sur une porte fut crucifié Charlemagne Péralte
et les cinq mille Cacos en vain donnèrent leur sang par toutes leurs blessures
Le dieu vert des Yankees était plus fort que les lwas
Et tout fut à recommencer
Selon le rythme de leur vie, selons leurs lois, leurs préjugés
Et tout fut à recommencer car un matin ils sont venus
ces protecteurs vêtus de jaune nous enseigner avec la honte
la délation et la servilité
Et la leçon fut profitable car dans ma marche de poète
J'ai vu ô mon Pays tes enfants sans mémoire
dans toutes les capitales de l'Amérique
le kwi tendu et toute fierté bue genoux ployés devant le dieu-papier
à l'effigie de Washington
Ô mon Pays je t'aime comme un être de chair
et je sais ta souffrance et je vois ta misère
et me demande la rage au coeur
quelle main a tracé sur le registre des nations ,
une petite étoile à côté de ton nom
Yankee de mon coeur
qui bois mon café et mon cacao
qui pompes la sève de ma canne à sucre
Yankee de mon coeur
qui entres chez moi en pays conquis
imprimes ma gourde et bats ma monnaie
Yankee de mon coeur qui viens dans ma caille
parler en anglais , qui changes le nom de mes vieilles rues
Yankee de mon coeur
j'attends dans ma nuit que le vent change d'aire
Ô mon Pays si triste est la saison
qu'il est venu le temps de se parler par signes
La vie partout est en veilleuse
Entre la liane des racines
tout un peuple affligé de silence
Qui ose rire dans le noir?
Nous n'avons plus de bouche pour parler
nous portons les malheurs du monde
et les oiseaux ont fui notre odeur de cadavre
Le jour n'a plus sa transparence et ressemble à
la nuit
Tous les fruits ont coulé nous les avons montrés
du doigt
Qui ose rire dans le noir?
Il y a dans ma gorge ce cri d'amour en flèche
Et la chaux vive du verbe derrière ma bouche close
Il y a les mots non parlés que l'on se passe par les paupières
ô mon Pays que voici
Je continue ma lente marche de Poète
car j'ai la vocation de l'invisible
Je suis celui qui sort de toutes parts
et qui n'est point d'ici
Je viens sur la musique de mes mots
sur l'aile du poème et les quatorze pieds du vers
enseigner une nouvelle partition
renouveler le répertoire des voix plaintives et cassées
et au seuil de l'été je te salue ô mon Pays que voici
dans l'écarlate floraison des flamboyants."
(Paul Laraque)
Here was the official story: When the United States of America invaded Haiti in 1915, it was to protect human rights and restore democracy...
1915-2015
"You say democracy and it's the occupation of Haiti
You say democracy
And it’s America to the Yankee
It’s the rape of my country
the Caco's blood
and Peralte’s crucifixion
You say democracy
and it’s the plunder of our wealth
from west to east and north to south
You say democracy and spread the slaughter everywhere
and everywhere you leave ruin
You say democracy..."
(Suze Baron)
1915-2015
and misery left and right
bitter as bile, heavy as chains of curses
misery and chanting spread over the shoulders of my country
misery, filthy misery spread like dirt and mud
detestable in my mouth like bitter coffee
stale bread, rotten avocadoes and mangoes full of worms...
"They say
human blood
enriches the soil
If it were so
if it were so
my friends
rice, millet and corn
would be plenty
in Haiti."
(Christian Werleigh)
Haiti 1915...
And a man came who stood up and said NO
A man who multiplied himself by 5000
Who stood in the villages, in the cities, in the fields, on the hills
who said we'll fight and one day we'll know this time is gone
and another is going to begin...
"Let's us stand in respect for Charlemagne Péralte
who confronted the American presence and sacrificed himself for our nation
Dead at thirty three , betrayed like Christ, exposed naked under his flag and crucified; because one day he had dared to promise it to us,
the flag of this land." -
(Michèle Voltaire Marcelin)
Haiti 1915... This promised land.... Were we worthy of it?
"No
we were not worthy of this land
I swear on my life and on yours
Were we to beg forgiveness
on our knees seventy seven times seventeen times
from Our Lady of Perpetual Mercy
History would not absolve us
nor she
We bleat like goats
tethered to this land
where men can be bought for a song
women for a trifle
and children long abandoned
surrender their souls
The years of our lives have passed
listening to the ticking of time
dividing days into hours
clinging to dreams
diviners cannot decipher
We drink, make love and eat
surrounded by excrement
its stench sticky green phlegm in our throat
We speak but our words carry no weight
Honor is obliterated and truth absent
The future aborted and the past streams continuous
like sewage flowing in the gutter
What blunders
What waste
What senseless losses
I could say more but why
You know the ending
And a poem is only words
Let the fire consume us
Erase the slate after we’ve gone
But do not absolve us
Do not forgive us our sins
For we knew exactly what we were doing
We should not be remembered any more than a dead dog
We are like rotten teeth
falling
falling
falling
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